L'opération TORCH

 

Retour les juifs d'Algérie

 

 

Le 19 juin 1940, l'armistice est signé entre l'Allemagne et la France. Le 17 juin, Pétain avait formé son gouvernement. L'armistice qui ampute la France de sa capitale et des deux tiers de son territoire lui laisse le contrôle de ses colonies et des protectorats.

Les Français d'Afrique du Nord sont en général solidaires de la politique du Maréchal Pétain. Ils voient en lui le héros de la Grande Guerre. Cette auréole ne manque pas d'aggraver la situation des Juifs d'Afrique du Nord . La population musulmane ne peut que baigner dans l'ambiance ouvertement collaboratrice qui prévaut ici.

C'est de sa libre initiative, sans y être contraint par des pressions allemandes que Vichy promulgue les lois raciales de 1940 et abroge le décret Crémieux. Les lois anti-juives de cette époque sont d'inspiration française. La notion de race est même étendu à certaines catégories de juifs épargnés par les lois de Nuremberg. Quand en octobre 1940, le ministre de l'Intérieur Peyrouton abrogea le décret Crémieux sur la naturalisation des Juifs algériens, il flattait l'antijudaïsme algérien tout en retirant un argument aux Musulmans qui réclamaient l'extension des droits politiques.

 

Le Charles Martel cuirassé de 1ère classe de la Marine française

 

En mars 1941, le Commissariat aux Affaires Juives est chargé de l'application des lois raciales avec pour mission d'éliminer l'influence juive de tous les domaines de la vie publique. Ces lois visent à l'élimination physique des Juifs autant qu'à l'effacement de l'influence culturelle du judaïsme. Aux yeux des antisémites, il ne s'agit rien de moins que de défendre la race française contre l'invasion juive. Les Juifs algériens perdent leur citoyenneté et ne peuvent plus l'obtenir, à moins d'être titulaires de décorations décernées durant la première Guerre Mondiale.

Les Juifs sont alors exclus des professions d'avocats, de médecins, du domaine des assurances, des transactions immobilières et de l'enseignement, à l'exception des écoles confessionnelles et de celles de l'Alliance Israélite Universelle. En août 1941, le nombre d'étudiants juifs est limité à 3% . Pour le second degré, il est de 7% en 1942-43. Les juifs sont également exclus des Organisations de Jeunesse.

Pour faire face à l'épreuve, sous la direction du rabbin Eisenbeth, dès le 9 janvier 1941 est créé un comité d'études, d'aide et d'assistance. Des écoles privées sont ouvertes pour accueillir les élèves exclus de l'enseignement public. A Oran, André Bénichou, professeur de philosophie, contacte des enseignants juifs et non-juifs. Il demande à son ami Albert Camus d'assurer des cours de français. C'est pendant cette période que le grand écrivain situe " La Peste ".

Le 20 janvier 1942, la solution finale est décidée à la conférence de Wandsee.

Les Juifs d'Algérie font alors connaissance des camps de travail, très efficaces aux yeux des agents de la Gestapo qui les visitent au début de 1942. Il semble même que le Gouverneur Général d'Algérie, Chatel, aurait préparé des étoiles jaunes pour distinguer les juifs désormais voués au programme de la "solution finale".

Face à cette situation, les juifs comprennent vite qu'ils n'ont pas d'autre possibilité que de résister et ils s'organisent aux côtés de la Résistance, née de l'appel du Général de Gaulle. A Oran, un groupe d'universitaires crée un réseau dirigé par les frères Pierre et Roger Carcassonne auxquels se joignent Henri de la Vigerie et le Père Cordier. A la fin de 1942, la Résistance en Algérie est suffisamment forte pour avoir une influence décisive sur le cours de événements. Elle va décider les USA à libérer l'Afrique du Nord.

Depuis août 1942, les Anglais préparent "L'Opération TORCH"; cette opération prévoit d'attaquer les Allemands sur leurs arrières tandis que la Résistance française doit les harceler. Le Commandement des Armées alliées s'installe à Gibraltar, tandis que le Commandement de la Résistance est au domicile du professeur Aboulker, 26 rue Michelet à Alger.

Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, les résistants sont à leur poste. Si à Alger tout se passe bien, si les pertes y sont minimes, il n'en va pas de même à Oran.

Les Américains, débarqués à Arzew et sur la plage des Andalouses, doivent faire face aux armées vichystes . Les combats sont durs sur la route de la Sénia, sur le Murdjadjo, à St Cloud et à Aïn El Turck. Ce n'est que le 10 novembre 1942 à 11h21 qu'Oran capitule.

La résistance de la ville coûtait 243 morts à la Marine, 94 à l'Armée et 10 à l'Aviation française de Vichy. Les forces terrestres américaines avaient perdu 276 d'entre eux.

Pour beaucoup de Français, l'Algérie d'avant 1939 était une colonie. Le rôle que ce pays fut appelé à jouer après le débarquement, l'importance de la participation des combattants pieds noirs et musulmans aux côtés de leurs camarades évadés de France contribueraient à modifier l'opinion.

Sur l'initiative du Président René Cassin, le 20 octobre 1943, le décret Crémieux est remis en vigueur.

Certains soldats juifs et non juifs sont alors incorporés dans l'armée de de Lattre de Tassigny. Ils y servent dans des régiments de défense antiaérienne ou dans l'infanterie coloniale et débarquent en Corse et à Toulon d'où ils remonteront jusqu'en Allemagne. Les autres partent avec le général Juin pour Monte Cassino où bien des soldats mourront au combat sans distinction de race ou de religion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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